Le tragique accident de la route qui a causé récement la mort d’une ouvrière agricole vient jeter une lumière crue sur les pénibles conditions de transport de ces travailleuses. Entassées dans des camions ou des fourgonnettes vétustes, sans mesures de sécurité adéquates, ces femmes parcourent quotidiennement de longues distances pour rejoindre leur lieu de travail, les champs et les fermes.
Un nouveau drame sur nos routes. Un grave accident s’est produit, mardi 13 août 2024, à Kairouan. Un camion transportant des ouvrières de la région de Sidi Massoud, Sbikha s’est renversé entraînant la mort d’une ouvrière agricole et neuf blessés dont le conducteur et ses deux convoyeurs. Cet accident vient remettre sur le devant de la scène la question lancinante du transport des ouvrières agricoles vers leur lieu de travail.
Lors de sa récente visite dans plusieurs délégations de Sidi Bouzid et de Kairouan à l’occasion de la fête de la Femme, le Chef de l’Etat est revenu sur ces conditions difficiles dans lesquelles sont transportées et travaillent ces femmes pour un salaire dérisoire.
Entassées dans des camions ou des fourgonnettes vétustes, sans mesures de sécurité adéquates, ces femmes, exposées à des risques d’accidents graves, parcourent quotidiennement de longues distances pour rejoindre les champs et les fermes. Ce drame met en évidence l’urgence de revoir les conditions de transport de ces ouvrières, qui représentent une force de travail majeure dans l’économie agricole nationale, quoique vulnérables.
C’est justement ce point que le Président de la République a voulu souligner lors de ces visites dans des régions essentiellement agricoles, à l’instar des localités d’El Abiadh, Ouled Akil et de Jelma, ainsi que dans une ferme agricole d’Echeraa (délégation d’Essabela) et à Bir Lehfay dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Saïed s’est également rendu dans certaines zones agricoles de Kairouan.
Une question de dignité !
Le transport des femmes travaillant dans le secteur agricole reste un sujet de préoccupation majeure. Alors que ces ouvrières représentent une force de travail indispensable, leur déplacement quotidien est associé à un drame sournois et récurrent. En cause, des conditions de transport dangereuses et inhumaines qui les exposent à des accidents graves souvent mortels.
Joint pour avoir plus d’éclairage sur ce sujet épineux, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) plaide pour la mise en œuvre d’une stratégie nationale qui préserve les droits des travailleuses, aussi bien au niveau des rémunérations, qu’à celui de la couverture sociale et de leur transport. On nous explique que le transport le plus courant se fait au moyen de véhicules non conçus pour transporter des humains. «Entassées dans la benne arrière, sans aucune protection, ces femmes voyagent sur des routes mal entretenues, exposées aux dangers d’accidents graves. Les chiffres sont alarmants : chaque année, plusieurs accidents font des victimes avec des conséquences souvent tragiques, faisant des dizaines de morts», a-t-on déploré. Le Ftdes considère ces incidents comme des crimes contre les travailleuses agricoles et mettent en évidence des lacunes dans les mesures réglementaires. Le Forum appelle à mettre en place des mesures, comme le renforcement du contrôle visant les intermédiaires et les transporteurs. Mais aussi l’application stricte des lois existantes, l’amélioration du système juridique lié aux droits du travail agricole, l’investissement dans les infrastructures routières et le lancement régulier de campagnes de sensibilisation.
Des solutions éphémères !
Si l’Etat a pris conscience de ce problème, des initiatives ont été lancées pour améliorer les conditions de transport des ouvrières agricoles. Cependant, les progrès sont lents et les mesures mises en place sont souvent insuffisantes face à l’ampleur du défi. La mise en place de moyens de transport sécurisés et dignes pour ces travailleuses nécessite des investissements considérables et une volonté politique forte, s’accordent à dire les observateurs. Ceci dit, les associations locales et les organisations non gouvernementales peuvent jouer un rôle important dans la sensibilisation pour opérer un changement durable et appuyer les efforts de l’Etat.
Pour pallier les conditions précaires auxquelles sont confrontées les femmes agricoles, une réforme des systèmes de transport est indispensable. La création de réseaux de transport agricole s’avère être une solution viable. Cela nécessite l’adoption et l’application de normes rigoureuses pour les véhicules de transport, avec des contrôles réguliers et des sanctions lourdes pour les contrevenants. Certains plaident pour la mise en place de lignes de transport public dédiées aux zones agricoles, avec des horaires adaptés aux travailleuses, afin de leur garantir des transports plus sûrs et fiables.
Comment autonomiser la femme artisane
Outre la question des femmes agricoles, actuellement sous les lumières, l’autonomisation des femmes artisanes vivant dans des régions isolées représente un enjeu crucial pour le développement économique et social du pays.
Si ces artisanes jouent un rôle clé dans la préservation du patrimoine culturel et le développement économique local, elles sont souvent confrontées à des obstacles importants pour accéder aux marchés et promouvoir leurs produits. De ce fait, dans plusieurs régions du pays, l’autonomisation des femmes artisanes nécessite une approche multiforme qui soit apte à inclure l’amélioration de l’accès aux marchés, la promotion efficace des produits, et le soutien institutionnel. En mettant en œuvre ces stratégies, leur rôle dans l’économie n’en sera que plus consolidé.